À UN CHAT
Pas plus silencieux sont les miroirs
ni plus furtive l'aube aventurière;
tu es, sous la lune, cette panthère
que nous pouvons parfois apercevoir.
Objet indéchiffrable d'un décret
divin, nous te cherchons vainement;
plus lointain que le Ganges et le couchant,
oeuvre de solitude et de secret.
Ton dos condescendant et qui s'attarde
à la caresse de ma main. Tu admets,
de cette éternité qui est rejet
l'amour de la main blafarde.
Tu as un autre temps.Tu es la sève
d'un cadre fermé comme un rêve.
José Luis Borges (C'est un de mes poètes préférés)
Any-Any m'a considérablement aidé dans l’élaboration!
Les Chats
Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également, dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Amis de la science et de la volupté
Ils cherchent le silence et l'horreur des ténèbres;
L'Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin;
Leurs reins féconds sont plein d'étincelles magiques
Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin,
Étoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
Baudelaire, Les fleurs du mal
Bonne journée!
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